mardi 15 janvier 2013

Les détracteurs du travail zolien...


  •  Barbey D'Aurevilly,... 
Les Oeuvres et les Hommes (3e série),Jules Barbey d'Aurevilly.
« la poétique du Dégoûtant de M. Zola; quand on s'est encanaillé, soi et son talent, avec cette furie; quand on a trifouillé à ce point les quinzièmes dessous de la crapule humaine et qu'on est entré dans les égouts sociaux sans bottes de vidangeur – car M. Zola ne vidange pas : il assainirait ! et il n'assainit pas : il se contente d'empester – où pourrait-on bien aller encore, et quelle marche d'infamie et de saletés resterait à descendre ? … La boue, ce n'est pas infini ! »


           
          Barbey d'Aurevilly qui est un des critiques les plus connus de Zola, dénonce ici la façon dont celui-ci détourne la réalite. Il indique ici, en effet, que Zola est un auteur qui pathétise, il rend plus noir et plus misérable la réalité. Dans cet extrait, la boue est une métaphore de la misère et du pathétique, c'est donc avec une touche d'humour que l'auteur critique le travail zolien.


« Et, elle, au fond de son cœur vide, ne trouvait plus qu'une lassitude, qu'une envie sourde.

[…]

Il lui semblait que l'empereur, en se mêlant à la file des voitures, venait d'y mettre le dernier rayon nécessaire, et de donner un sens à ce défilé triomphal. Maintenant c'était une gloire. »
La Curée, p.352-353



           Ce passage, annonciateur de la mort de Renée, est un contraste entre une joie intense et la misère. Ces deux mondes opposent le malheur de Renée et la gloire créée par les passants alentour. Zola pathétise donc le malheur de la femme en le confrontant au bonheur des autres, l'auteur orchestre la joie autour des peines, l'auteur de Germinal ammène donc volontairement le pathétisme de cette scène.
 
  • Claude Seassau...

Emile Zola et le réalisme symbolique, Claude Seassau
« Si la contradiction existe, comme l’ont démontré certains critiques, entre les écrits de l’auteur sur le naturalisme et son œuvre romanesque, elle se manifeste même au sein de cette œuvre, où deux pôles semblent s’opposer : celui de la réalité décrite telle qu’elle se présente, le pôle mimétique, et celui de la réalité transfigurée par l’écriture, le pôle symbolique. »
  
           L'auteur Claude Seassau démontre que le penchant réaliste de l’œuvre naturaliste reste toujours symbolique, le symbolisme étant par exemple le développement d'un champ lexical afin d'obtenir une ambiance. Il montre que Zola est très symbolique dans sa façon d'écrire.



«  On était à l'automne ; la ville, sous le grand ciel pâle, s'alanguissait, d'un gris doux et tendre, piqué çà et là de verdures sombres, qui ressemblaient à de larges feuilles de nénuphars nageant sur un lac ; le soleil se couchait dans un nuage rouge, et, tandis que les fonds s'emplissaient d'une brume légère, une poussière d'or, une rosée d'or tombait sur la rive droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries. C'était comme le coin enchanté d'une cité des Milles et une Nuits, aux arbres d'émeraude, aux toits de saphir, aux girouettes de rubis. Il vint un moment où le rayon qui glissait entre les deux nuages fut si resplendissant, que les maisons semblèrent flamber et se fondre comme un lingot d'or dans un creuset. »
La Curée, p.103-104
 
           Lors du dîner aux buttes Montmartre, Zola développe un champ lexical de la pierre précieuse. Ce procédé installe un cadre pour l'annonce de la spéculation de Saccard. Paris devient une pierre précieuse que le baron Haussmann et les spéculateurs s'apprêtent à tailler.


  •  Victor Hugo,...

" Le prétendu réalisme de M. Zola n’existe pas, il est impossible par conséquent de le critiquer. Il est dépourvu de tout élément de vie ; il n’offre aucune consistance. Les écrivains de cette école ne font qu’écrire et, pour la plupart, fort mal, sur des sujets obscènes et sales, dans lesquels les gens de lettres n’avaient pas encore souillé leurs plumes. De pareils livres attirent une certaine fraction du public, qui est toujours disposée à se jeter sur des obscénités ; mais que de pareils ouvrages aient une influence quelconque sur l’esprit français, ou occupent une place dans la littérature française, hah [sic] ! vous plaisantez !
- Ah ! Dumas et Flaubert sont très différents : Madame Bovary est une grande étude et le talent de Flaubert est incontestable. Avec Zola et son école, c’est tout autre chose. Leurs écrits n’ont rien autre chose que de l’obscénité et ne peuvent avoir une place honorable dans la littérature ni exercer aucune influence. Nous avons des auteurs pareils à toutes les époques : chaque siècle fournit les siens ; voyez Rétif de la Bretonne : quel bruit n’ont pas fait ses écrits, dans quel oubli ne sont-ils pas tombés ? Il en sera de même de Zola. Notez mes paroles, rien n’aboutit, rien n’est durable dans la littérature ou dans les arts, à moins qu’il ne soit bon et grand, à moins qu’il ne conduise au beau et au vrai. Tout disparaît dans la suite du temps, en dépit de la popularité et du succès qu’il a pu avoir pendant un moment. Je ne dis pas qu’Emile Zola manque de talent, mais je dis que ses ouvrages ne vivront pas et qu’ils n’auront jamais aucun effet important ou appréciable sur la littérature française. Tout bonnement, la soi-disant école réaliste n’existe pas ; voilà mon humble opinion ; il n’est donc pas possible de tenir compte de l’effet qu’elle produira sur la littérature. Mais voilà Louis Blanc. Demandez-lui ce qu’il en pense, lui, et voyez s’il n’est pas de mon avis ! "
© Source
           Hugo critique donc ici le mouvement naturaliste et plus précisément son initiateur, Zola. Dans ces conversations, il critique le travail Zolien, celui-ci ne reprend pas la réalité selon lui, en effet, il rend pathétique l'extrême misère, il va bafouer le travail de Zola en disant clairement qu'il n'aura pas d'avenir dans la littérature, or, être relu, c'est la véritable victoire. Il le dégrade en lui annonçant l'absence d'avenir pour ses œuvres.

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