- Barbey D'Aurevilly,...
Les
Oeuvres et les Hommes (3e série),Jules
Barbey d'Aurevilly.
« la
poétique du Dégoûtant
de M. Zola; quand on s'est encanaillé, soi et son talent, avec cette
furie; quand on a trifouillé à ce point les quinzièmes dessous de
la crapule humaine et qu'on est entré dans les égouts sociaux sans
bottes de vidangeur – car M. Zola ne vidange pas : il assainirait !
et il n'assainit pas : il se contente d'empester – où pourrait-on
bien aller encore, et quelle marche d'infamie et de saletés
resterait à descendre ? … La boue, ce n'est pas infini ! »
Barbey d'Aurevilly qui est un des critiques les plus connus de Zola, dénonce ici la façon dont celui-ci détourne la réalite. Il indique ici, en effet, que Zola est un auteur qui pathétise, il rend plus noir et plus misérable la réalité. Dans cet extrait, la boue est une métaphore de la misère et du pathétique, c'est donc avec une touche d'humour que l'auteur critique le travail zolien.
« Et, elle, au fond de son cœur vide, ne
trouvait plus qu'une lassitude, qu'une envie sourde.
[…]
Il lui semblait que l'empereur, en se mêlant à la file
des voitures, venait d'y mettre le dernier rayon nécessaire, et de
donner un sens à ce défilé triomphal. Maintenant c'était une
gloire. »
La Curée, p.352-353
Ce passage, annonciateur de la mort de Renée, est un contraste entre une joie intense et la misère. Ces deux mondes opposent le malheur de Renée et la gloire créée par les passants alentour. Zola pathétise donc le malheur de la femme en le confrontant au bonheur des autres, l'auteur orchestre la joie autour des peines, l'auteur de Germinal ammène donc volontairement le pathétisme de cette scène.
- Claude Seassau...
Emile
Zola et le réalisme symbolique,
Claude Seassau
« Si
la contradiction existe, comme l’ont démontré certains critiques,
entre les écrits de l’auteur sur le naturalisme et son œuvre
romanesque, elle se manifeste même au sein de cette œuvre, où deux
pôles semblent s’opposer : celui de la réalité décrite
telle qu’elle se présente, le pôle mimétique, et celui de la
réalité transfigurée par l’écriture, le pôle symbolique. »
L'auteur Claude Seassau démontre que le penchant réaliste de l’œuvre naturaliste reste toujours symbolique, le symbolisme étant par exemple le développement d'un champ lexical afin d'obtenir une ambiance. Il montre que Zola est très symbolique dans sa façon d'écrire.
«
On était à l'automne ; la ville, sous le grand ciel pâle,
s'alanguissait, d'un gris doux et tendre, piqué çà et là de
verdures sombres, qui ressemblaient à de larges feuilles de
nénuphars nageant sur un lac ; le soleil se couchait dans un
nuage rouge, et, tandis que les fonds s'emplissaient d'une brume
légère, une poussière d'or, une rosée d'or tombait sur la rive
droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries.
C'était comme le coin enchanté d'une cité des Milles
et une Nuits,
aux arbres d'émeraude, aux toits de saphir, aux girouettes de rubis.
Il vint un moment où le rayon qui glissait entre les deux nuages fut
si resplendissant, que les maisons semblèrent flamber et se fondre
comme un lingot d'or dans un creuset. »
La Curée, p.103-104
Lors du dîner aux buttes Montmartre, Zola développe un champ lexical de la pierre précieuse. Ce procédé installe un cadre pour l'annonce de la spéculation de Saccard. Paris devient une pierre précieuse que le baron Haussmann et les spéculateurs s'apprêtent à tailler.
- Victor Hugo,...
" Le prétendu réalisme de M. Zola n’existe pas, il
est impossible par conséquent de le critiquer. Il est dépourvu de
tout élément de vie ; il n’offre aucune consistance. Les
écrivains de cette école ne font qu’écrire et, pour la plupart,
fort mal, sur des sujets obscènes et sales, dans lesquels les gens
de lettres n’avaient pas encore souillé leurs plumes. De pareils
livres attirent une certaine fraction du public, qui est toujours
disposée à se jeter sur des obscénités ; mais que de
pareils ouvrages aient une influence quelconque sur l’esprit
français, ou occupent une place dans la littérature française,
hah [sic] ! vous plaisantez !
- Ah ! Dumas et Flaubert sont très
différents : Madame Bovary est une grande étude et le talent
de Flaubert est incontestable. Avec Zola et son école, c’est tout
autre chose. Leurs écrits n’ont rien autre chose que de
l’obscénité et ne peuvent avoir une place honorable dans la
littérature ni exercer aucune influence. Nous avons des auteurs
pareils à toutes les époques : chaque siècle fournit les
siens ; voyez Rétif de la Bretonne : quel bruit n’ont
pas fait ses écrits, dans quel oubli ne sont-ils pas tombés ?
Il en sera de même de Zola. Notez mes paroles, rien n’aboutit,
rien n’est durable dans la littérature ou dans les arts, à moins
qu’il ne soit bon et grand, à moins qu’il ne conduise au beau
et au vrai. Tout disparaît dans la suite du temps, en dépit de la
popularité et du succès qu’il a pu avoir pendant un moment. Je
ne dis pas qu’Emile Zola manque de talent, mais je dis que ses
ouvrages ne vivront pas et qu’ils n’auront jamais aucun effet
important ou appréciable sur la littérature française. Tout
bonnement, la soi-disant école réaliste n’existe pas ;
voilà mon humble opinion ; il n’est donc pas possible de
tenir compte de l’effet qu’elle produira sur la littérature.
Mais voilà Louis Blanc. Demandez-lui ce qu’il en pense, lui, et
voyez s’il n’est pas de mon avis ! "
© Source
Hugo critique donc ici le mouvement naturaliste et plus précisément son initiateur, Zola. Dans ces conversations, il critique le travail Zolien, celui-ci ne reprend pas la réalité selon lui, en effet, il rend pathétique l'extrême misère, il va bafouer le travail de Zola en disant clairement qu'il n'aura pas d'avenir dans la littérature, or, être relu, c'est la véritable victoire. Il le dégrade en lui annonçant l'absence d'avenir pour ses œuvres.
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